Coach : le métier où + tu te plantes + t'es bon !
A l'époque où j'étais salarié dans des grandes entreprises, j'étais pas mal interpellé sur l'incroyable capacité des gens à se défausser avec un "c'est pas moi c'est sa faute à lui" sitôt qu'il s'était passé une connerie. A l"époque ça m'agaçait pas mal cette attitude de débinage généralisé parce que je trouvais que cela ne favorisait pas le sens des responsabilités et qu'on avait le doit à l'erreur et même que c'est à partir de ses propres erreurs que l'on apprenait le plus. Autant le dire tout de suite, je suis resté assez marginal avec cette pensée dans le monde de l'entreprise, même si occasionnellement j'ai pu trouver quelques égarés qui se retrouvaient avec moi sur ces valeurs ...
Eh bein aujourd'hui je suis dans un job où non seulement on a le droit de se planter mais on en a même le devoir. Un bon coach ne raconte jamais ses exploits professionnels à ses collègues. Au contraire il passe son temps à raconter tous ses bides, ses flops ses doutes et ses interrogations. Illustrons ceci par des exemples tirés de situations (presque) vécues :
"Tu vois, mes 3 derniers coachés (NDA : c'est comme ça qu'on appelle nos victimes :-), ils sont tous repartis avec un grand sourire et ils m'ont chaleureusement remercié de les avoirs aidés à faire les bons choix pour eux. Ils m'ont même affirmé qu'ils n'y seraient pas parvenus sans moi".
Interprètation : Très très mauvais. Le coach a mis ses clients dans un état de dépendance, il a pris une position de sauveteur et il n'a pas favorisé leur autonomie. Les clients n'ont pas à le remercier puisqu'ils l'ont payé et ils auraient du avoir le sentiment d'avoir fait le boulot eux-mêmes et pas de le faire faire par le coach.
"Et bien, la dernière fois que j'ai vu cette cliente, je lui ai dit que j'étais dans la confusion la plus totale, que je ne parvenais pas à comprendre ce qu'elle me disait et que je m'interrogeais sur cette confusion dans laquelle je me trouvais lorsqu'elle me parle de ses rapports avec son manager".
Interprétation : Excellent. Le coach réinjecte dans le coaching son propre ressenti en communiquant en position méta. Il favorise chez sa cliente l'expression de sa véritable difficulté.
"A la dernière séance, le groupe que j'anime s'est révolté contre moi. J'étais tellement pris sous le feu de leur colère que je suis resté sans répondre et sans pouvoir prendre du recul. Il faut que je reparle de cet incident dans le groupe la prochaine fois".
Interprétation : Très bon. Le coach a compris qu'il s'est laissé installer dans un rôle de victime et il va utiliser l'incident pour donner au groupe un éclairage sur ses modes de fonctionnement.
"Cette coachée, dès la première fois que je l'ai vue j'ai su qu'elle pourrait devenir directrice du service, plutôt que de rester à un poste subalterne. J'ai travaillé avec elle pour la motiver et la dynamiser et 4 mois plus tard elle s'est proposée pour le poste et elle l'a obtenu. Même elle, elle n'y croyait pas au début."
Interprètation : Atroce ! Le coach projette ses propres images de réussite (devenir directrice c'est bien) et stimule l'énergie de sa cliente dans un sens qui n'est peut-être pas celui qu'elle aurait choisi elle-même. Ladite cliente va peut-être partir gravement en couille dans 1 an ...
Etre un bon coach donc, c'est donc surtout passer son temps à parler de ses erreurs et de ses difficultés. Plus t'en as à dire, plus il y a de chances que ça aille bien pour toi. Si non vraiment, tout va bien dans tes coachings, cherche encore ... Et trouve un truc qui merde sinon tu vas passer pour un naze au regard de tes collègues.
Raconter ses difficultés professionnelles quand on est coach c'est non seulement recommandé mais c'est même obligatoire. Il y a même un endoit et un moment spécialement prévu pour cela, c'est la Supervision du coach.
La super vision c'est un moment qui mérite 3 posts à part entière. Surtout avec des zyeux jolis comme ceux-là ... Vous savez donc déjà de quoi je causerai la prochaine fois !