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Le coach déblogue !
9 décembre 2010

Le caddie ™ (suite et fin ... ou presque)

tapis_volantNous sommes dans ma superette de quartier le premier samedi de ce mois de décembre. Les préparatifs de Nöel appellent l’allongement de la liste des commissions. Packs de boissons en tous genres, accessoires de décoration, produits de beauté et produits d'entretien, et même (c'est la fête !), foie gras et autres denrées de saison, qui méritent bien un peu de considération avant le fatidique 25 décembre.

Bref, le panier moyen explore des zones rarement occupées lors du passage en caisse, 71€ tout de même. C'est idiot ! c'est juste 4€ de moins que ce qu'il faudrait pour la livraison gratuite à mon domicile de tous ces machins entassés sur le tapis roulant et, du coup, que je vais devoir emporter moi-même. Un simple quignon de pain Poilâne de plus, aurait suffit à m'économiser ce transport. L'un après l'autre, résigné, je remplis à ras bord 8 sacs diaphanes à raison de 4 dans chaque main. A ce stade, l’attrapage des deux derniers sacs  relève d'une sorte d'exploit de contorsion dont j'aurais eu peine à me croire capable si force n'avait fait loi.

Je sors de Franprix et la double-porte battante suffit à peine à mon passage. Chacun des sacs contribue à l'augmentation de mon volume, symétriquement du côté droit comme du côté gauche. Mes bras écartés à 45° du corps forment une espèce de balancier aux bout duquel s'accrochent deux poches de plastique à l'aspect de boules difformes. Je crois bien que je suis devenu aussi large que haut.

Depuis le sommet de ma tête jusqu'au sol avec cet évasement vers le bas, je ressemble désormais à un sapin. Un joli sapin trapu, qui marche sous la pluie en grognant. Ou plutôt qui s'efforce d'avancer en luttant sans parapluie contre les intempéries, contre le trottoir qui glisse, contre les poignées des sacs qui s'échappent des doigts et enfin contre les crampes provoquées par la peine de la charge. Et si jamais ne suis pas un sapin j'ai au moins tout l'air d'un clochard transportant tout son viatique.

J'ai à peine parcouru 50 mètres et je passe devant le bazar devant lequel je suis déjà passé trois mille fois en 10 ans que j'habite ce quartier. Et là, pour la première, fois je remarque une rangée de magnifiques caddies que le bazar expose fièrement contre la vitrine et que je n'avais pas daigné considérer les 2999 précédentes fois.

Même les vrais clochards ont des caddies n'est-ce pas ? C'est sans aucun doute au moment où j'ai accepté cette image de moi-même, cette image digne de figurer sur la couverture des Misérables de Victor Hugo, que le mimétisme a du finir s'accomplir. Il ne me manquait plus que les roulettes pour mon assimilation définitive au monde des sans abris. Au moins avec un caddie, je pourrais ressembler totalement aux frères et sœurs de mon genre.

La suite de l'histoire est sans surprise : je lâche les sacs à même le sol, je transvase tout le contenu dans le magnifique caddie orange qui ne s'attendait pas à cet usage instantané, je fais rouler le caddie distendu à l'intérieur du magasin et je règle 25 € au commerçant hébété qui met quelques secondes à comprendre ce que je suis vraiment venu lui acheter.

En sortant, je ne serais pas plus heureux si j'avais acheté un tapis volant. Le caddie trottine et sautille avec moi. sur le chemin de la maison. Nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre inconditionnellement.


Epilogue (à suivre)



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